Première rencontre du collectif avec la communauté des communes Millau Grands Causses

aappmaladourbie Par Le 15/09/2022 0

Réunion à la communauté des communes de Millau Grands Causses le 13 09 2022

Petit compte-rendu au sujet de la réunion avec Me. Emmanuelle Gazel,présidente de la CC Millau Grands Causses et maire de millau. Me. Cathy Jouve,conseillère municipale (écologie) Mr. Jean Jacques Charles responsable du service environnement pour la communauté de communes Millau Grands Causses. Mr. Gilbert Faucher, maire de Paulhe et vice-président à la communauté de communes Millau Grands causses a été élu à la tête de la Commission locale de l’eau du Tarn-amont. Plus nous quatre de (ACAD) : Alibert Claude, Augé  Philippe, Gasquet Daniel et moi-même. 

Des discussions positives concernant de nombreux sujets on était abordés pour permettre à l’association du collectif de participer aux réunions GERI (groupes de travail concernant notre rivière) et particulièrement au GEMAPI où les compétences ont été attribué au Tarn amont qui organise régulièrement des réunions d’Unité Géographique par bassin versant.

Le dossier que nous avons défendu concernant la protection du milieu aquatique sur la rivière a été entendu et écouter il bénéficiera d’un article dans la presse locale. (Ci-dessous copie) 

Dans les grandes lignes nous constatons un des avantages de l’Association du Collectif des 3 Aappma du bassin versant de la Dourbie (ACAD) qui pourra siéger dans des réunions concernant La Dourbie où les Aappma ne sont pas invités car représentée par la fédération de pêche Aveyron.  

GEMAPI correspond à la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations. Elle concerne les cours d’eau, les zones humides, les plans d’eau et les moyens de les aménager pour améliorer la biodiversité, la continuité écologique et la défense contre les inondations

suite de l'article

CI DESSOUS LE DOSSIER QUE NOUS AVONS DEFENDU  (veuillez le partager sans modération)

Développement incontrôlé des activités de plein air sur la rivière Dourbie et risques de perte écologique et économique associés.

Philippe Augé1 ; Dr Matthew Augé2 ; Dr Jean-Claude Ricci2 ; Daniel Gasquet3 ; Claude Alibert4 ; Jean-Claude Durand5 1Président AAPPMA Nant-St Jean-Sauclières, 2Conseil scientifique AAPPMA Nant-St Jean-Sauclières, 3Président AAPPMA la Dourbie, 4Président AAPPMA gaule Millavoise Millau,5 Président Association Collectif des 3 AAPPMA

La Dourbie

Notre rivière est un site d’exception soumis à de multiples protections : ZNIEFF, ZICO, NATURA 2000, UNESCO, etc ; plus de 320 espèces animales et 250 végétales y sont recensées, parmi lesquelles on trouve de nombreuses espèces protégées et/ou endémiques.

La diversité des grands rapaces est unique dans ces gorges. La rivière abrite des poissons en danger, donc protégés tel que le chabot, la lamproie de planer (protégés au niveau National et Européen : convention de Berne et annexe II de la Directive habitat) mais aussi deux mammifères emblématiques qui sont le castor et la loutre.

De nombreux insectes aquatiques n'ont pas encore disparu de notre cours d'eau tel que gomphe de graslin, la cordulie à corps fin.

Les paysages sont à couper le souffle, et l'eau qui coule au fond de ses gorges est fraîche et cristalline. Tout ceci concourt à rendre notre vallée enviable.

De nombreux touristes s'y pressent aux beaux jours afin de profiter de la fraîcheur des ses rives, mais aussi de l'offre pléthorique d'activités dites «de pleine nature», dont la ville de Millau se définit comme capitale, exportant les désagréments sur d'autres communes pour ne conserver que la recette.

Cette nature se transforme progressivement en parc d'attraction, et la pression anthropique qui s'exerce sur l'ensemble des milieux est croissante. Des lieux qui nous paraissent inaccessibles sont saccagés au profit de la sécurité pour les pratiquants de sports, tel que l'escalade (purge de parois entraînant la destruction de gîtes pour certaines chauves souris).

Le développement de certaines activités peuvent irrémédiablement impacter des populations animales en danger telle que l’écrevisse à patte blanche, écrasée à l'occasion de l'activité dite de ruisseling ou de randonnée aquatique.

A chaque activité sont lot de dégradation. Aucune n'est neutre.

Si l'activité sportive de canoë n'impacte que très faiblement les milieux, car pratiquée en très petits groupes en période de fortes eaux il n'en est pas de même pour l'activité marchande canoë qui se pratique en masse en période de basses eaux.

Si un pêcheur marchant dans l'eau impacte peu le milieu qu'il pénètre, il n'en est pas de même pour le groupe de 10 personnes dévalant en canyonning à l'amont du captage d'eau potable de St Jean du Bruel.

Une étude dans les gorges du Verdon a démontré que dès le premier passage de groupes en randonnée aquatique  l'impact sur les larves aquatiques était significatif. Pire, les larves les plus impactées (Baétis rhodani) sont essentielles à la survie de l'Apron du Rhône espèce en danger d'extinction (1). Ceci démontre de façon évidente l’impact direct de la disparition d’une espèce sur une seconde associée. Lorsque rapporté à l’échelle des chaînes trophiques, la disparition d’une espèce peut entraîner une réaction de cascade de disparition. Ainsi, une algue sensible au piétinement qui disparait impacte les herbivores qui la consomment, ce qui impacte les prédateurs de ces herbivores, puis les détritivores (grands rapaces, mais aussi arthropodes) qui suivent dans la chaîne alimentaire, impactant leurs prédateurs et ainsi de suite. La perte de diversité à moyen ou long terme peut être extrême.

Si nous n'y prenons garde, le «surtourisme» qui affecte notre vallée, va détruire ce qu'il est venu chercher. La perte économique à envisager n'est plus alors de quelques semaines de chiffre d'affaire perdu mais l'effondrement de toutes les activités liées au tourisme. Il nous appartient de décider comment nous devons agir pour «mieux de tourisme» (par opposition à «plus de tourisme»), plus de protection de ce qui fait notre richesse.

L'ère du tourisme régulé semble être inévitable (2).     

 Impact sur les milieux aquatiques rivulaires et leurs peuplements

Les sports et loisirs d'eau vive sont essentiellement pratiqués sur les cours d'eau à pente forte ou moyenne, et relevant dans la classification piscicole de HUET de la zone à salmonidés et de la zone à cyprinidés rhéophiles ("affectionnant les eaux vives"). Ces milieux présentent une plus grande sensibilité et vulnérabilité que les cours d'eau larges et profonds ou les milieux artificialisés. Les espèces inféodées à ces milieux sont représentées par des poissons d'intérêt halieutique important (y compris pour la pêche en zone maritime pour les migrateurs) : saumon, truite, ombre commun, anguille, ou caractéristiques de leur zone : cyprinidés rhéophiles (barbeau, vandoise ...) et des espèces (poissons, invertébrés, plantes) dont la conservation des habitats naturels est à garantir (directive C.E.E. du 21 mai 1992 relative à la conservation des habitats naturels de la faune et de la flore). La pratique des sports d'eau vive s'étend d'ailleurs de plus en plus vers les rivières à haute énergie (forte pente) situées généralement en tête de bassin et restées jusqu'à présent relativement peu accessibles et donc peu soumises aux influences humaines. Les amateurs trouvent là des conditions très appréciées pour les S.L.E.V. : configurations hydrauliques et niveaux de difficulté variés, paysages grandioses, caractère sauvage... La situation apicale de ces zones, jointe à la diversité de l'habitat, à la relative absence de pression humaine leur confère généralement une grande valeur écologique reposant sur leur diversité floristique et faunistique et (ou) sur la présence d'espèces rares et sensibles, liée à des conditions particulières (altitude, support rocheux, micro-climat de fond de vallée...). La contrepartie de cette richesse est la fragilité et la sensibilité des peuplements (61?), qui faute d'un développement suffisant des inventaires biologiques ne sont malheureusement encore connus que de façon très imparfaite. La question des impacts des sports d'eau vive sur les milieux et peuplements aquatiques a été abordée tardivement et on ne dispose donc pas d'un état de référence préalable ni de connaissances suffisantes pour y répondre précisément et rapidement (3).

Les différentes activités aquatiques et leur impact sur le milieu :

Canyoning, ruisseling, randonnée aquatique, baignade: 

Ces activités doivent être considérées comme une invasion de l'habitat. Il ne peut y avoir d’accoutumance des poissons à cette intrusion. Deux option s'offrent à eux : la fuite ou la dissimulation. L'une comme l'autre traduisent des stress profonds qui se concrétisent par une consommation d'énergie accrue et l'arrêt de l'alimentation.

Il est démontré (Cf. pièces jointes) que ces activités ont un impact fort sur les population d'insectes aquatiques dont les larves se développent sur le fond par destruction du milieu privant ainsi les espèces s'en nourrissant d'une ressource essentielle, poissons : Truites fario, mais aussi Chabot et Vandoise rostrée (espèces protégée inscrite à la liste rouge de l'UICN), oiseaux : Cincle plongeur, Pouillots etc..

Nb : l'activité de canyoning, sur la Dourbie se déroule dans la partie des gorges schisteuses en amont immédiat du captage d'eau de boisson du village de St Jean du Bruel.

Canoë :

Deux formes sont à considérer. Passage régulier et passage occasionnel.

Le passage occasionnel doit être considéré comme un stress. Il s'accentue avec la baisse des niveaux.Les passages réguliers eux sont devenu des perturbations pour les poissons qui répondent en utilisant des milieux où ils se sentent sécurisés. Cette adaptation se fait au détriment de l'espèce concernée.

Il est à noter que les deux formes ont un impact fort sur le milieu par piétinement et frottements des embarcations plus particulièrement en période d'étiage. (Cf. pièces jointes).

Des dégradations de milieux sont générées par des travaux de «chenalisation» (barrages) des cours d'eau par les loueurs de canoë. Leur multiplication diminue la diversité de l'habitat et facilite la migration des graviers vers le l'aval. Ces pratiques aboutissent à une réduction appréciable des surfaces de frayères.

La pêche :

Les niveaux de fréquentation ne sont pas du même ordre. L'impact de la pêche en marchant dans l'eau n'est pas neutre et il s'aggrave considérablement en période d'étiage. L'impact de la pêche sur les populations de poissons cibles (truite fario en Dourbie) est faible, la stratégie de reproduction de cette espèce étant basée sur «l’inondation», du milieu, par des juvéniles.

A toutes ces activés s'ajoutent aujourd'hui une nouveauté : Le Paddle de nuit.

A l'ensemble des perturbations et stress que l'on peut attribuer aux autres activités, le paddle de nuit, comme son nom l'indique, se déroule durant cette période si particulière ou l'ensemble des espèces qui nous redoutent ont choisi de vivre. Outre les poissons, une foule de mammifères dont le Castor et la Loutre mais aussi d'oiseaux hérons, canards et autres nocturnes doivent subir la transformation de leur milieu de vie en stade aquatique.

La nature ne peut pas être un espace de jeu pour une population qui ne perçoit plus que c'est un lieu de vie.        

Impact sanitaire des activités aquatiques de loisir :

Aux risques de propagation ordinaire de pathogènes, lié à la concentration d'individus, il convient de rajouter un risque particulier. Il s'agit du risque lié aux cyanobactéries. Si en temps ordinaire le risque est limité, il est par nature nettement amplifié par des niveaux bas. Ils permettent aux personnes marchant dans l'eau d'atteindre des zones où se développent les cyanobactérie et, par leur piétinement, les mettent en suspension accroissant le risque d'ingestion.

Une récente étude internationale à montré un impact significatif de toutes activités récréatives en milieu aquatique, tant sur les peuplements d’invertébrés, que sur les peuplements avicoles et la flore. La conclusion de cette étude est que la limitation sélective de certains types de loisirs ne peut avoir qu'une faible valeur de conservation, tant que d'autres formes de loisirs aquatiques se poursuivent (4).

Diagnostic de la pression exercée par les activités aquatiques sur le milieu naturel et l'Apron du Rhône dans les gorges du Verdon – Synthèse. DDT des Alpes de Haute Provence – Service environnement risques ; Teyssier L., 2020, 111p.


Sites naturels : l’urgence de réguler le tourisme de masse. Article Reporterre par Benjamin Hourticq, 22 juillet 2019.M.I.S.E Rapport de mission. Développement des sports et loisirs d'eau vive en France. Impact sur le milieu aquatique et conflits d'usage. Germain LEYNAUD – Louis BLAISE, 2015.

Ecological impacts of water-based recreational activities on freshwater ecosystems: a global meta-analysis Malwina SchafftBenjamin WegnerNora MeyerChristian Wolter and Robert Arlinghaus Published:22 September 2021.

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